Les habitations et les allées de Rûni

Rûni est un village sadaïme composé d'environ quelques centaines d'habitants. Ces Sadaïmes vivent soit dans des huttes, soit dans des demeures synthétisées grâce à de la magie, soit dans des demeures établies grâce à des arbres géants. Ici tous les Sadaïmes sont affairés et s'occupent de leurs affaires. On peut voir passer des groupes de Sadaïmes armés, soit des gardes (bien que ceux-ci sont généralement camouflés), soit des groupes d'aventuriers.

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Je marchai en silence entre les arbres et les quelques huttes qui constituaient les demeures des Rûniens. Il y avait pas mal de passage sur l'allée principale et la plupart des Sadaïmes rentraient simplement chez eux maintenant que la nuit tombait. Sur mon passage, beaucoup de gens me dévisagèrent, interdits, mais les regards les plus agressifs étaient lancés par les quelques gardes qui patrouillaient dans Rûni.

Mais je n'y prêtais guère attention, ne portant mon intérêt que sur le Sadaïme que je suivais pour trouver l'auberge de ce village. Tout en repérant les lieux, je repensais aux quelques paroles qu'il m'avait adressées ... Il avait suggéré que je continue à suivre mon ancienne vocation de sorcière. Pourquoi pas ... Après tout, j'aimais ça il y a quelques années et il va bien falloir que je m'occupe en attendant d'être 'appelée'.

Après quelques minutes, le Sadaîme disparut totalement de mon champ de vision. Je m'arrêtai subitement, regardant autour de moi.

(L'auberge doit probablement être dans le coin ...)

Je repris alors la marche mais plus lentement, observant les bâtisses et les arbres. Au détour d'un gros fourré, je vis alors un muret de pierres naturelles et un bâtiment portant une enseigne. Supposant qu'il s'agissait du lieu que je cherchais, j'empruntai le chemin qui menait jusqu'à une porte ...

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Le nez dehors, je fus aussitôt assaillie par une pluie fine qui avait réussi à passer outre le feuillage épais des arbres. Restant un moment le visage dressé vers le ciel, je laissai l'eau ruisseler sur mon visage, les yeux clos, comme j'en avais l'habitude depuis quelques temps. J'aimais tant la pluie, sentir le contact de l'eau sur ma peau ...

(Assez traîné !)

Après avoir remonté légèrement mon sac à dos sur mes épaules, je me mis alors en marche pour trouver cette fameuse boutique que m'avait indiquée l'aubergiste. Selon lui, elle n'était pas très loin, dans une allée parallèle. Suivant ses indications, je poursuivis ma route puis, après quelques détours, trouvai enfin l'échoppe. Je pris alors une inspiration et entrai ...

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Je déambulai lentement dans les rues. Je contemplai avec tristesse mon bras d’ou mon sang s’échappai. La vue du sang, même en petite quantité me fessai toujours des nausées. Il se mit à pleuvoir et je regrettai de ne pas pouvoir me téléporter d’un endroit à un autre ! Je trouvai enfin le bâtiment des voleurs et y entrai d’un pas résolut.

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Il pleuvait toujours ce matin et les allées boisées étaient encore vidées de leurs occupants qui devaient encore sommeiller pour la plupart dans leur abri végétal. Seuls quelques petits animaux se devinaient derrière un fourré ou traversant vivement mon champ de vision, derniers retardataires pour les petits noctambules : ils rentraient se mettre à l'abri après une nuit de chasse ou broutage d'herbe tendre.

D'habitude, je ne me levai pas si tôt ... En fait, libérée de la moindre contrainte puisque vivant complètement seule jusque là, je me contentais alors d'écouter les besoins de mon corps et dormais quand j'en avais envie, me réveillais quand je me sentais reposée ... A présent, ma vie allait être tout autre car, poussée par ce besoin soudain et impérieux de retrouver un semblant de civilisation, j'avais mis les pieds dans une véritable nasse d'obligations et comptes à rendre.

Chemin faisant vers les limites invisibles du village, j'écoutai le chant de la forêt attentivement pour situer une quelconque source d'eau fraîche. Je ne fus pas bien longue à en localiser une, dans un recoin, et y remplis mes deux gourdes à ras bord. Tout en les rebouchant, quelques instants plus tard, je refis le point mentalement de tous mes équipements, vérifiant une dernière fois que j'avais tout, car il serait trop tard pour m'en inquiéter lorsque je serai aux abords des marais.

Rassurée, je poursuivis alors ma route ...

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Armé de ma décision, dague à la main, je repérai une vieille femme qui sortait d’une ruelle sombre. Je croyais déceler dans son regard une détresse profonde.
(Cette vieille a sûrement besoin d’aide, allons de ce pas lui parler) pensai-je.
« Bonsoir, au noble dame dont les cheveux flottent au vent comme sous l’effet d’une brise maritime….auriez vous par hasard besoin d’aide ? » lui lançai-je d’une voix assurée.

La vieille sadaïme fait volte-face brusquement :

"Ressuscitez mon fils ! Ressuscitez mon fils !"

Et elle se met à pleurer ; c'est probablement la mère d'un garde tué par les attaques sur les villages d'aventuriers ...

"Si vous ne pouvez pas, allez vous en !, crie-t-elle."

Et elle s'enfuit dans une petite ruelle, échappant à ton regard.

Je regardai la femme s’éloignant au loin. Décidément il y avait vraiment des choses qui n’allaient pas ici.
Sur ce je me décidai d’aller explorer les environs. L’idée de tuer cette pauvre femme était bien tentante. Cela lui aurai épargnée des souffrances. Mais j’eu pitié et je m’éloignai discrètement. Passant par un trou de la palissade, je m’élançai vers la foret sombre des alentours.

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Le silence régnait dans les allées désertées de Rûni. Il aurait pu être inquiétant si j'avais ignoré que les gardes Sadaïmes étaient là, tapis dans l'ombre, assurant notre sécurité. J'avais été confrontée par deux fois à un danger réel aujourd'hui et je ne goûtais que très peu à la possibilité d'un second affrontement.

J'étais fatiguée par cette journée éprouvante. J'avais perdu l'habitude de la présence omniprésente d'une menace ou plutôt, j'avais oublié qu'elle avait toujours été là ... Combien de fois ai-je failli être attaquée pendant toutes ces années d'isolement dans la forêt sadaïme ? Je frissonnai à l'idée ...

Moi qui cherchais la mort depuis longtemps, je me surpris à la craindre finalement. Se pourrait-il que j'ais changé ? Cela expliquerait alors pourquoi j'ai soudain ressenti ce besoin de retourner à la civilisation ... Je ne le savais, je ne comprenais plus grand chose, pas même mes propres réactions : c'en était d'autant plus effrayant !

Le recenseur marchait d'un pas rapide devant moi et je distinguais à peine sa présence dans la nuit noire. Heureusement que je connaissais le chemin ...

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La pluie n'était pas de mise aujourd'hui et l'air embaumait encore l'humidité du matin, la rosée mêlée au parfum des mousses. J'aimais tant cette odeur ... Alors que je me dirigeais vers le Puits de la Magie de la Nature, suivant les instructions d'Harügon, je pensais encore et toujours au trajet qui m'attendait. La forêt que j'allais quitter, le désert qui constituerait la plus grande part de mon trajet ... Comment allais-je pouvoir survivre dans un environnement aussi hostile, sans arbre, pas même la moindre petite pousse végétale ?

Perdue dans mes pensées lugubres, je ne vis pas les quelques Sadaïmes que je croisais, s'écarter de mon passage pour éviter une bousculade, pas même les gardes qui demeuraient la majorité du temps dissimulés. Sans que je ne m'aperçoive de rien, je me retrouvai à la limite de Rûni, bien qu'en soi, il soit difficile de les définir tant les habitations sont mêlées aux arbres. Mais un oeil averti comme ceux des Sadaïmes parvenait à faire la différence ...

Je continuai donc de marcher silencieusement sous les arbres majestueux, effleurant régulièrement leur écorce rugueuse d'un geste réflexe, sans même y penser, comme à mon habitude. Le silence régnait et la nature reprenait ses droits. Seul un vol d'oiseaux vint interrompre cette quiétude et aussitôt, il ne resta aucun signe de leur passage, uniquement un souvenir fugitif dans mes pensées.

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Il me fallut bien dix bonnes minutes pour approcher de l'entrée du village tant je marchais à une allure tranquille, m'écartant régulièrement du passage des autres Sadaïmes qui rentraient chez eux. Quelques-uns allaient dans la direction d'où je venais. Sans doute allaient-ils à l'auberge d'Harügon qui se trouvait juste à côté du puits ...

Chemin faisant, je repassais mentalement le détail de mes possessions. J'en conclus que j'aurai probablement assez de nourriture pour me rendre jusqu'à Kacheï. A priori, je n'avais pas besoin de faire des achats supplémentaires pour l'instant. Néanmoins, approchant de l'entrée de Rûni, je remarquai alors une enseigne discrète de bois où une dague était plantée dans une enclume, bien droite.

Il me parut alors logique qu'il devait s'agir d'une sorte d'armurerie et je repensai aussitôt aux paroles de l'aubergiste qui m'avait suggéré de vendre le bouclier gobelin à défaut de l'utiliser ... Je décidai donc de faire un court détour et me dirigeai vers l'échoppe.

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Depuis la devanture de l'armurerie, je pouvais distinguer sans mal l'entrée de Rûni. Comme d'habitude, il y avait quelques personnes réunies en ce lieu, discutant probablement des derniers évènements. Le recenseur n'était pas loin. Avait-il transmis mes informations aux autres aventuriers aussi ? Je l'ignorais. Peu importait de toute manière, seule ma mission comptait en cet instant.

Il n'y avait plus que quelques pas à faire et je serai sur la route ouvrant sur mon long voyage. Encore un pas et je ne pourrai que difficilement faire chemin arrière ...

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Je courrai rapidement sous la pluie me faufilant entre les ruelles sombres et étroites. J'étais sale et couvert de boue après mon combat récent. Je me dirigeai naturellement vers la taverne.

Sortant de l'auberge, j'avisai la "gourde du Sadaïme" à quelques maisons de là. Je m'y rendis avec joie en espérant que le vendeur n'essayerait pas de me voler par des prix exorbitants.
Par chance je vis la porte ouverte, signe que la boutique était ouverte, ce qui n'était pas le cas des autres par cet heure matinale.