La bière de Kacheï

Cette auberge, dont l'ambiance est détonante, attire une énorme partie des habitants de Kacheï comme des étrangers qui séjournent quelques jours ici pour sa bière de grande qualité. Tout le monde la boit ici, jeunes comme anciens. C'est presque devenu une tradition de Kacheï que d'y boire sa bière.

L'ambiance est conviviale, et comme l'auberge est grande, elle fait office de taverne tranquille dans une pièce, et de taverne agitée dans l'autre. A l'étage se trouvent une vingtaine de chambres que l'aubergiste loue pour 15 pièces de cuivre la chambre et le repas. Il a beaucoup de chambres, mais dans une ville, les prix sont chers, se justifie-t-il souvent ...

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A l'intérieur, je fus surprise de constater que l'endroit semblait plus vaste que depuis l'extérieur. Il semblait y avoir deux auberges ici, une faisant plus de bruits que l'autre. Sans l'ombre d'une hésitation, je choisis d'entrer dans la pièce la plus calme et me dirigeai directement vers le comptoir. Je n'avais pas l'intention de m'attarder outre mesure. Je m'étais déjà restaurer au cours de mon voyage nocturne et il me fallait me coucher au plus vite pour récupérer et partir au plus tôt.

(Peut-être faudra-t-il que je m'équipe avant de repartir ... Qui sait combien de temps va durer ce voyage hors du territoire ?) pensai-je en attendant que l'aubergiste s'occupe de moi.

Il vint alors vers moi, me saluant et me demandant ce que je voulais ...

"Juste une chambre pour la nuit, s'il vous plaît ... Et un petit-déjeûner pour demain matin, à l'aube ..."

L'aubergiste te répond, une bière à la main :

"Pour sûr !"

Et il engloutit tout le contenu de la chope en quelques gorgées.

"Cela fera 12 pièces de cuivre, Sadaïme !"

Attendant la monnaie, il remplit de nouveau sa chope.

Etonnant, il ne semble pas être ivre ...

L'aubergiste ingurgitait bière sur bière sans sembler en subir le moindre effet ! Mais je n'étais pas d'humeur à m'apesantir plus avant sur ce détail. Je sortis 1 pièce de bronze pour payer ma chambre et pris la monnaie que le Sadaïme me tendis ensuite. Il me donna alors une clef portant un numéro : le 17. L'aubergiste me précisa alors que c'était au premier étage, à peu près au milieu du couloir, puis s'éloigna aussitôt pour s'occuper de ses autres clients qui le hélaient pour de nouvelles chopines.

(Faudrait peut-être que je goûte à cette bière ... Elle a l'air d'avoir du succès !)

Mais je n'avais guère envie de boire ce soir et ce n'est pas le matin que je devrais en boire, juste avant le voyage ! Tandis que je gravissais les marches menant à mon repos, j'eus alors une idée et un sourire se dessina sur mes lèvres. Une fois à l'étage, je vis un grand couloir où se succédaient les chambres : impaires à droite, paires à gauche. Regardant à nouveau sur ma clef, je repris la marche en scrutant les numéros des portes sur ma droite. Au bout de quelques instants, je trouvai ma chambre et l'ouvris sans difficulté.

Une fois entrée, je refermai à clef derrière moi puis, avec des gestes emplis de lassitude, je me débarrassai de mes affaires et me préparai pour dormir. Je devinais que demain serait sans doute une journée particulièrement difficile pour moi : la première que je passerai hors des territoires Sadaïmes, et j'avais peur de découvrir ce fameux désert dont j'avais quelques fois entendu parler (et pas en de bons termes).



Lorsque j'ouvris les yeux, le soleil ne s'était pas encore levé mais déjà le ciel, commençait à s'éclaircir, un bleu sombre succédant peu à peu au noir de la nuit. Mon sommeil avait été de qualité médiocre malgré le matelas confortable. Bien que je n'eus aucun cauchemar, ma nuit n'avait pas été reposante : je pensais trop à cette mission et surtout ce voyage dans le désert.

Avec des gestes réflexes plus que réfléchis, je me préparai lentement. Quelques vingt minutes plus tard, j'étais enfin prête. Je pris alors mes affaires et descendis au rez-de-chaussée pour retrouver la partie calme de l'auberge. L'aubergiste était déjà là à astiquer le comptoir. J'allai donc m'asseoir sur l'un des sièges et posai ma gourde entamée devant moi.

"Bonjour ! Seriez-vous assez aimable pour remplacer l'eau de cette gourde par de la bière ? D'après ce que j'ai observé, elle a l'air réputée et il serait dommage que je ne puisse y goûter ... Et ... Un petit-déjeûner également, je vous prie."

L'aubergiste sourit, et te répond :

"Et c'est avec un plaisir évident que je vous ferai goûter la bière de notre cité !"

Il prend ta gourde, la vide de son eau puis la remplit de bière et te la donne.

"On va dire que c'est compris dans la nuit de sommeil, fait-il malicieusement. De toute façon, vous deviendrez dépendante et vous reviendrez en chercher, alors vous savez ..."

Il part dans un grand éclat de rire puis s'occupe de ton petit-déjeuner.

Il prépare également un petit déjeuner constitué de pain sadaïme moelleux et d'une petite coupelle de miel, avec un jus de fruits de la région sucré à souhait. Il te tend ton petit déjeuner tout prêt originalement disposé sur un plateau fait d'écorce de bouleau.

"Bon appétit !, ajoute-t-il."

Je souris largement lorsqu'il me tendit la gourde en me précisant que je n'aurais rien à payer de plus. Je n'attachai pas plus d'importance à sa fanfaronnade sur la supposée dépendance à sa bière et pris mon plateau pour m'installer plus confortablement à une table plus loin.

Le repas qu'il me servit était particulièrement bon : j'avais l'impression de retomber en enfance. Des petits pains encore chauds, du miel au parfum de mille fleurs sauvages et du jus de fruits savoureux. En silence, je dégustai la totalité de ce qu'on m'avait servi, plus par gourmandise que par faim réelle. Mais autant en profiter ... Qui sait quand je pourrai goûter à nouveau à un vrai repas Sadaïme ?

Une bonne dizaine de minutes plus tard, il ne restait plus rien. Je reportai le plateau sur le comptoir et hêlai l'aubergiste qui s'approcha de moi. Je dépliai alors devant moi la carte et tout en parlant, lui montrai du doigt le trajet que je m'apprêtai à faire, jusqu'à Res'Mudia, sur le territoire Corak.

"Peut-être pourriez-vous me fournir quelques petits renseignements ... Je dois me rendre ici, traverser le désert tout en suivant le fleuve. Combien de temps faut-il pour faire ce trajet ? Je n'ai jamais été dans le désert et je ne sais combien de vivres je dois prendre."

L'aubergiste, apparemment ayant déjà fait un tel déplacement, t'annonce :

"Je pense qu'il faudrait environ une quinzaine d'heures pour faire ce trajet pour un bon marcheur. A vol d'oiseau, on mettrait une dizaine d'heures mais en comptant toutes les pauses et les difficultés du voyage dans le désert, je pense que c'est réaliste."

Il te jauge, puis déclare :

"Du coup, je pense qu'il vous faudra dormir quelque part une nuit, mais qu'en deux jours vous arriverez sans aucun problème à parcourir cette distance."

Il conclut :

"Enfin, ceci n'est que l'avis d'un humble aubergiste. Je vous souhaite une bien bonne chance."

J'opinai de la tête au fur et à mesure que l'aubergiste m'informais, réfléchissant à toute vitesse à tout ce que cela impliquait ... Je tiquai légèrement à l'annonce de la haute probabilité que je doive passer une nuit dans le désert tout en jetant un oeil sur le reste du trajet, sur la carte dépliée devant moi.

(Et c'est sans doute l'étape la plus courte de tout le trajet ... Combien de nuits devrai-je passer dans le désert après Res'Mudia ?)

Je repliai soigneusement la carte d'un air songeur puis levai la tête vers le tenancier.

"Pourriez-vous m'indiquer quelques boutiques où je pourrais m'équiper pour le voyage dans le désert et me ravitailler un peu ? Je crains avoir du mal à m'y retrouver avec tous ces croisements et perdre beaucoup de temps inutilement ..."

L'aubergiste te répond :

"Il vous faut traverser la ville de part en part. A un moment, il y aura une petite rue couverte de sable, sable déversé par le Corak de la boutique pour les habits de désert."

Il continue :

"Il est sympathique. Il vous indiquera où aller pour le ravitaillement."

Il prépare une bière pour un client tout en t'écoutant.

Tout en rangeant la carte de Gilleï Vind dans mon sac, j'écoutai les informations que me donnait le Sadaïme. Quand il eut fini, je n'avais plus rien à lui demander et au final, je n'avais vraiment plus envie de faire ce voyage. La perspective de tant de jours à passer dans le désert - à ce que j'en pouvais conclure avec la durée nécessaire pour se rendre uniquement à Res'Mudia - me glaçait le sang et telle les plantes, je sentais déjà mon âme se flétrir.

"Je vous remercie ... Je reviendrai assurément dans votre établissement à mon voyage de retour." dis-je en inclinant légèrement la tête.

"Une longue route m'attend : je dois partir à présent ... Au revoir !"

J'enfilai alors les courroies de mon sac jusqu'aux épaules puis quittai l'auberge où j'avais passé la nuit.

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