L'Auberge du Voleur Volé

A l'Auberge du Voleur Volé, tenu par un jeune Sadaïme dénommé Harügon, pour une auberge sadaïme, il y a de l'ambiance ! Beaucoup boivent le soir, on parle, on est ivre, on dort, et on paye le lendemain. Ah ça, c'est sûr, c'est bien le seul endroit où les Sadaïmes effacent leur silence lugubre. Comme quoi, tout le monde a ses moments de détente ! L'aubergiste possède 6 chambres qu'il peut louer à qui veut, pour 12 pièces de cuivre la nuit. Par contre, attention, à ce prix là, vous savez à quoi vous attendre n'est-ce-pas ? L'établissement est beau, mais l'entretien des chambres est plutôt primaire ...

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Bien avant d'ouvrir la porte, j'avais deviné qu'il y avait du monde et de l'ambiance. Des rires et des chants traversaient les murs. Prenant une grande inspiration pour m'encourager, je saisis la poignée de la porte pour entrer. Mais la porte s'ouvrit vivement devant moi, révélant la présence d'un vieux Sadaïme qui ouvrit de grands yeux en me découvrant. Sans demander son reste, il sortit de la bâtisse en évitant de me frôler et partit par le chemin, non sans jeter un regard incertain en arrière.

La porte ouverte, je pouvais voir l'intérieur. La grande pièce était baignée d'une lumière chaleureuse et de nombreuses tables étaient occupées par des Sadaïmes de tous âges. J'entrai alors dans l'auberge mais restai près de la porte, hésitant, redoutant la réaction des clients. Près de l'entrée, il y avait un long comptoir derrière lequel s'activait un Sadaïme assez jeune. Je m'accoudai alors sur le rebord et attendis patiemment qu'il me remarque et vienne s'occuper de moi.

L'aubergiste te remarqua assez rapidement. Il s'occupa des autres clients rapidement tout te jetant des regards brefs. Puis il vint vers toi et prit la parole :

"Que puis-je faire pour vous ? Je dispose de repas, de boissons et de chambres si vous le souhaitez."

Apparemment, il n'était pas tellement gêné par ton apparence. Sans te laisser répondre, il enchaîne :

"Vous êtes Sadaïme, n'est-ce pas ? Cela se voit à votre attitude. Il n'y a que ce ... visage qui apparaît comme étant quelque chose ... juste quelque chose nullement désiré en vous. Vous n'êtes pas la première personne que je vois qui a souffert de telles déformations, je comprends pourquoi vous vous tenez à l'écart de tous ces gens. Mais allez-y, parlez avec eux, affrontez leurs regard, ils s'habitueront bien à vous, il n'y a pas de lâches ici."

Il te jette un regard encourageant et insistant.

L'attitude de l'aubergiste me surprit mais je m'efforçai de ne rien laisser paraître, restant impassible. Cela faisait le deuxième Sadaïme en l'espace de quelques minutes qui ne s'offusquait pas outre mesure de mon apparence. Les gens auraient-ils changé en ces quelques années d'ermitage ?

(Non ... N'oublions pas que les gardes, eux, étaient prêts à me tuer sans se poser de questions !)

Je ne savais que répondre après le petit discours de l'aubergiste. D'ailleurs, peut-être que tout ceci n'était que supercherie et condescendance vis-à-vis d'une cliente potentielle. Je pris donc la décision d'ignorer ses paroles ... pour l'instant.

"J'aimerais une chambre au moins pour cette nuit et un repas. Je n'ai pas beaucoup d'argent ... Que pouvez-vous me proposer ?"

Ta question relevant des cordes de l'aubergiste, il répond du tac au tac :

"C'est 12 pièces de cuivre pour une chambre du coucher de soleil au coucher de soleil, en incluant les repas, bien sûr. Nos chambres ne sont pas des plus agréables, j'en conviens, mais sont assez propres et plutôt plus agréables que le sol, dehors. De plus, il pleut souvent en ce moment."

Estimant qu'assez d'arguments avaient été dits pour te convaincre, il s'arrêta et répondit à un client :

"Oui, que voulez-vous ?"

Puis, en écoutant attentivement les chuchotements du personnage encapuchonné que tu ne peux entendre, il ouvre grands ses yeux :

"Non ! Quand est-ce que cela s'est produit ? Qui l'a tué ?"

Puis, grave, se tournant vers l'assemblée dont tous les regards étaient maintenant dirigés vers lui, il dit :

"Sadaïmes de Rûni, ce soir un garde Sadaïme est mort, tué par une flèche empoisonnée. Les autres gardes ont enquêté sur chaque détail, mais les circonstances de sa mort s'avèrent spéciales : nos gardes ne connaissent pas la conception de cette flèche qui est une invention toute nouvelle et, à priori, d'aucune des dix races majeures du continent, et le garde n'était pas seul ; ils étaient deux : le deuxième n'a pas eu le temps de voir l'assassin et les gardes n'ont pu trouver d'endroit dans lequel l'assassin ait pu se cacher sans se faire voir. Néanmoins, la garde a été doublée et, à ce que je crois comprendre, il ne faut surtout pas que vous vous inquiétez."

Sur ces derniers mots la majorité des Sadaïmes quittèrent l'auberge hâtivement.

Tandis que le jeune aubergiste discutait avec un autre client, je fouillai dans la petite bourse que le Sadaïme m'avait donné et sortai une pièce de bronze pour payer une nuit dans l'auberge. Mais à peine que je posais la pièce sur le comptoir que l'aubergiste appela à l'attention générale et annonça l'assassinat d'un des gardes du village. Il invita alors tout le monde à garder son calme mais peu à peu, la salle commune se vida de ses occupants.

Interdite, je les regardai filer par la porte. Une fois le calme revenu, seule cliente qu'il restait à présent dans l'auberge, je m'adressai au Sadaïme :

"Où vont-ils tous, ainsi ?!"

"Où vont-ils, répéta l'aubergiste, c'est ... comme d'habitude, en cas de menace. Ils vont chercher leurs armes, tout plaisir sera sanctionné et tout le monde sera à l'affût. D'ailleurs, vous devriez faire de même. Mais, je peux toujours vous laisser prendre la chambre, et vous tiendrai alors au courant des informations. La situation est ... comment dire ... mystérieuse ... Il ne faut pas oublier que Furtïav le grand lui-même à disparu de raison inconnue. Et, en plus, il s'agissait, si je m'en souviens bien, de circonstances assez proches de cette situation."

L'aubergiste fronce les sourcils et réfléchit un instant, puis dit d'un haussement d'épaules :

"Bah, de toute façon, c'est très rare que ces évènements tournent mal ... Si tout le monde est à l'affût, personne ne pourra rien faire ... Enfin, les adversaires, s'ils sont encore ici, semblent être attirés par quelque chose de précis. Ils ne tueront aucune cible inutile, je crois. D'ailleurs, vous ne devriez pas stopper votre activité, et continuer les "affaires", en quelque sorte. C'est dans ces moments là que vous serez le plus utile possible."

Il prend ta pièce de bronze et te rend précisément 88 pièces de cuivre.

Je fixai un moment l'aubergiste sans rien dire puis encaissai ma monnaie.

"De mort mystérieuse naissent bien des légendes ..." répliquai-je d'un ton songeur. "Mais vous avez sans doute raison. Je ne sais pas faire grand chose ni ne connais ce village et ses habitants ... Je les gênerais plus qu'autre chose !"

(Et d'ici qu'on m'accuse d'un tel crime il n'y a pas loin vu l'accueil que les gardes me réservaient ...)

Je quittai alors le comptoir et, tout en marchant vers la salle vidée, je lançai à l'aubergiste :

"L'avantage, c'est qu'à présent je peux choisir à loisir ma table ..."

Je m'installai alors à une table de bois encombrée de choppes vides et assiettes sales. Je repoussai la vaisselle sur le côté, juste suffisamment pour dégager l'espace devant moi. Me tenant la tête d'une main, d'un air maussade, je suivai de mon index une des nervures de la table.

(Reste à savoir maintenant ce que je vais bien pouvoir faire ...)

Tu réfléchis longtemps ; des heures passent ...

Soudain, enfin, la porte de l'auberge s'ouvre. Seulement, dans l'entravure de la porte ce que tu vois n'as aucun lien avec un Sadaïme. "Il" possède une musculature imposante, "il" est grand, "il" possède une hache gardée dans son dos qui fait plus des deux tiers de ta taille.

"Bienvenue, noble Corak. En quel honneur venez-vous vous aventurez dans des terres si lointaines, en plein coeur du territoire sadaïme, et que voulez-vous ?"

"Bonjour et merci, Sadaïme. Je ne cherche que du repos pour l'instant. Le voyage a été long ... Je ne viens pas de loin. J'ai été mandé par les chefs de Lor'Stra pour aller dans ce village précisément me renseigner et apporter des informations en échanges. Je suis un Corak de Res'Mudia, près de votre territoire."

Intrigué, l'aubergiste lui demande :

"Quelles sont ces informations ?"

"On m'a autorisé à les divulguer. Dans notre village formateur d'aventuriers, Mino'Tr, déjà deux gardes ont été tués, par ... apparemment, la même "chose" que chez vous ..."

Frappé de stupeur, l'aubergiste te regarde brièvement pour observer ta réaction.

"Et apparemment, poursuit le Corak, il en est de même pour énormément d'autres races. Ces assassinats se produisent tous dans les villages d'apprentissage pour les aventuriers et uniquement des gardes sont concernés."

Le Corak prend la bière que lui propose l'aubergiste et boit une longue gorgée.

"Cependant ... une chose nous intrigue. Les Nains ont réussi à apercevoir une silhouette et un symbole."

L'aubergiste, suspendu aux lèvres du Corak, lui demande :

"Quel symbole ?"

"Un cyclone. Un cyclone, blanc, entouré de noir et strié de rouge."

"Ce sont les couleurs de la mort et du sang ... Mais pourquoi ce cyclone ? Et à quoi correspond-t-il ?

"Personne n'en sait plus. En tout cas, "ils" sont organisés. Il faut être vigilant. C'est pourquoi nous maintiendront le contact entre Res'Mudia et Rûni régulièrement. Je crois qu'un Corak est également à Furtïav, mais ne suis pas sûr."

Le "recenseur" entre dans l'auberge :

"Corak, les Elfes de Sang ont enclenché un piège autour de leur village qui a capturé quelque chose hier soir. Ce quelque chose a réussi à échapper à la magie des sept gardes à qui était assignée la tâche de maintenir le piège refermé. "Ils" doivent être nombreux ! Pourtant, personne encore n'a trouvé d'autre trace que ce cyclone, cyclone que les Elfes de Sang ont ressenti lors de la fuite des agresseurs. Un troisième Elfe de Sang a été tué."

"Qu'allons nous faire ?"

"Je pense que la situation est trop dangereuse pour le moment. Il faut que vous restiez et éventuellement que quelqu'un vous escorte jusqu'à Res'Mudia plus tard."

"Entendu. Peut-être qu'un chevaucheur de taureau ailé viendra prendre des nouvelles et en amener. Transmettez ce message à toute la garde."

Le recenseur te jette un coup d'oeil, puis te dit :

"Ghanima, puis-je vous parler ? J'ai éventuellement quelque chose d'important à vous faire faire, vous pourriez nous aider."

(... et sans doute y a-t-il ici un s...)

Ma réflexion fut brusquement interrompue par l'arrivée d'un client. J'étais pourtant si tranquille, seule dans l'auberge ... Regardant du coin de l'oeil, mon attention fut tout à fait dirigée vers le nouveau venu qui m'intrigua au plus haut point. Son imposante présence ramena de vieux souvenirs à ma mémoire, il y a de cela plusieurs années, dans notre si belle capitale.

(Un Corak ! ... Eux aussi ont eu leur fardeau à porter, et dès la naissance ...)

D'un air nonchalant, accoudée à ma table, je suivais la conversation, apprenant que des assassinats similaires à celui de ce jour avaient eu lieu dans d'autres villages d'apprentissage.

(Hmm ... C'est loin d'être rassurant ! Mais j'y vois tout de même un point positif : on ne pourra pas dire que cet assassinat est de mon fait !)

C'est alors qu'entra le recenseur, le Sadaïme que j'avais perdu de vue quelques temps plus tôt. Il semblait lui-même déjà au courant des détails de cette affaire, rien d'étonnant en soi ... Apparemment, les Elfes de Sang avaient tendu un piège qui n'avait pas totalement fonctionné puisque leur prisonnier était parvenu à s'enfuir, malgré leurs précautions et compétences magiques.

(Cyclone ... Magie des gardes inefficaces ... Nul doute que ce prisonnier possédait plus d'une corde à son arc ou de très bons amis, fidèles, loyaux et efficaces !)

Mes pensées s'envolèrent alors pour Furtiav, pour Kallen ... Mais le Sadaïme me tira de ces dangereux souvenirs. Haussant un sourcil fin et noir comme l'encre, je le fixai un moment puis répondis :

"Vous ne perdez pas de temps ! Sur la brêche ?" dis-je d'un ton légèrement moqueur. Mais je repris mon sérieux :

"Je suis disposée à vous écouter si notre aubergiste veut bien me servir quelque chose à dîner ..." fis-je en désignant une chaise face à moi.
J'acceptai pour la forme, par politesse, mais au fond, j'ignorais qu'elle aide une Sadaïme comme moi pourrait bien lui fournir !

(Je n'y connais rien ... Il va être vite déçu par mon manque d'expérience !)

L'aubergiste s'empresse de te répondre :

"Evidemment, si vous avez faim, je vous servirai. Voulez-vous quelque chose également ?, demande-t-il à l'adresse du Sadaïme qui prenait place devant toi."

"Non merci, pas maintenant, ça risque de bouger à tout moment ..."

Pendant que l'aubergiste prépare le dîner, le recenseur te fixe droit dans les yeux :

"Vous avez prêté le serment. Maintenant, il faut l'honorer. Le territoire sadaïme a besoin de vous."

Il prend une inspiration puis t'explique ta mission :

"C'est simple : il vous suffit d'aller au marais Assïa pour vérifier que personne ne campe tout autour de celui-ci. Ce sera long, mais très utile. Et c'est quelque chose dont vous pouvez vous charger. Evidemment, cela risque d'être dangereux, mais peut-être pas autant qu'ici même, alors autant tenter !"

L'aubergiste revient avec une miche de pain, un verre de vin sadaïme, du jambon et du poisson crus.

"Et si vous revenez de cela, poursuivit le recenseur, non seulement vous aurez une récompense mais encore plus si vous ramenez une information vitale. Bien. Êtes-vous prête pour cette mission, voulez-vous la faire ?"

(Le marais Assïa ... Sans doute est-ce celui que nous avons longés de nuit, il y a quelques années, Kallen et moi ...)

Tout en réfléchissant et mémorisant les informations que me donnait le recenseur, je me coupai une belle tranche de pain sur lequel je posai du jambon, après avoir remercié l'aubergiste.

"Cela m'intéresse ... Mais que dois-je faire précisément si je trouve effectivement quelqu'un autour du marais ? Dois-je juste signaler sa présence ou l'en faire partir ?"

Je mordai alors dans le pain au jambon, attendant la réponse du Sadaïme.

Le Sadaïme te regarde :

"Ainsi donc, c'est d'accord ? Bien ... Alors, si vous trouvez quelqu'un, ramenez-le ! Si vous ne pouvez pas, revenez le plus vite possible pour avoir de l'aide. Je pense que cette mission est de votre niveau. Je vous fais confiance."

Puis il sort de l'auberge en saluant l'aubergiste au passage.

J'opinai de la tête silencieusement aux paroles du Sadaïme et le regardai partir - sans doute pour sa garde de nuit, d'après ce qu'il avait dit plus tôt dans la soirée. Je continuai de manger tranquillement mon repas et me servis un verre de vin. Il avait une saveur boisée que j'appréciai malgré qu'il ne s'agisse pas d'un grand cru.

Je me levai alors et rejoignis l'aubergiste près du comptoir, m'accoudant sur celui-ci.

"Je pense que je ne vais pas tarder à aller me reposer ... Ces prochains jours risquent d'être assez pénibles. Pourriez-vous m'indiquer un endroit où je puisse faire quelques achats utiles pour ma mission ? Et pourrais-je vous demander de me préparer pour demain quelques rations de nourriture ?"

(((HRP : en gros, j'aurais besoin d'une boutique pour m'acheter des trucs style gourde, cape ...)))

L'aubergiste secoue la tête de droite à gauche :

"Non, non, pour tout cela, allez voir à La Gourde du Sadaïme, le magasin dans la rue parallèle à droite de l'auberge en sortant de celle-ci. Vous y trouverez rations de nourriture, gourdes, et des tas de petits outils nécessaires aux aventuriers. Le vieux Sadaïme qui le tient a l'expérience et sait ce dont vous avez besoin. Ne vous inquiètez pas. Avez-vous terminé ?, te demande-t-il en désignant la table à laquelle tu avais mangé."

"Oui, j'ai terminé ... Dois-je prendre une chambre en particulier ?" demandai-je en me tournant de trois quart vers l'escalier qui devait probablement mener aux chambres.

L'aubergiste passe devant toi.

"Suivez-moi, te dit-il en montrant l'escalier."

Une fois arrivés à l'étage, il te montre une porte plutôt en bon état.

"C'est ici. Bonne soirée !"

Puis il redescend s'occuper d'éventuels nouveaux venus.

Le Sadaïme m'invita alors à le suivre jusqu'à l'étage et me conduisit devant une porte parmi d'autres, en bon état. Je le remerciai alors et il prit congé pour retourner à ses occupations. J'entrai donc et découvris ce qui allait être ma chambre pour la nuit.

La pièce n'était pas très grande mais fonctionnelle. Il y avait juste les meubles basiques : un lit, une table de nuit avec une cale sous un de ses pieds, une chaise et une petite table sur laquelle trônaient une lampe à huile et une vasque d'allure très commune remplie d'eau, pour les ablutions.

Je fermai la porte derrière moi puis me dirigeai vers la table. Je posai alors mon sac et mon nouvel équipement à terre puis allai me rincer le visage et laver les mains à l'eau fraîche. Déjà je me sentais mieux ... Je me débarassai alors de mes vêtements et me glissai sous les draps qui semblaient avoir plus que vécu ! Mais peu m'importait ... Je fermai alors les yeux tandis que la forêt, dehors, entamait son chant nocturne.




Je me réveillai avec difficulté ce matin ... J'avais eu beaucoup de mal à m'endormir. Sans doute était-ce dû au fait que je n'étais plus habituée à dormir dans un lit, sous un toit, ou encore, à cette première mission qui m'avait été confiée. Il fallait absolument que je la réussisse ...

(Il faut bien que je serve à quelque chose ...)

Je me levai donc et fis une toilette sommaire. Il fallait que je me hâte, le jour ne tarderait pas à apparaître et je voulais partir de bonne heure, bien que personne ne m'imposa un quelconque horaire de départ. Mais je n'oubliai pas que la mission sera longue et que je devais auparavant m'équiper correctement afin de ne pas perdre de temps à chasser, surtout dans un environnement marécageux !

Tout en m'habillant et revêtant l'armure de cuir, je pensai à ce qui m'attendrait. Des trous d'eau stagnante, de la boue et de la vase malodorante, des insectes voire même des reptiles ... Allez savoir quelles bestioles je risquais de croiser ! Bien qu'étant passée à proximité de ce marais il y a quelques années, je ne m'en étais pas approchée - de toute manière, nous étions pressés.

Je repris alors mon sac et plaçai ma hache à la ceinture, la lame se calant sur le lien de cuir et le manche pendant le long de ma cuisse. Bouclier en main, je sortis alors de la chambre et descendis à la salle commune. En cette heure il n'y avait personne hormis l'aubergiste qui préparait sa journée. Il me servit du pain et quelques fruits en guise de petit déjeuner que je mangeai sans grand appétit, car il était trop tôt pour moi ... Après un dernier salut, je quittai alors l'auberge.

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L'auberge du voleur volé ... Là était ma destination. Je me demandai alors s'il y aurait du monde comme la veille ou si les Sadaïmes, gentilment, seraient restés chez eux, à l'abri de tout danger.

(Peut-être pas ... Jusqu'à preuve du contraire, seuls des gardes ont perdu la vie.)

Mais Rûni semblait animé par un fort sentiment de patriotisme et de fraternité envers les siens. Je l'avais vu la veille lorsqu'à l'annonce de l'assassinat du garde les avait tous fait se lever puis sortir. Cela était l'affaire de tous et c'est sans doute ce qui faisait la force de ce village sadaïme ...

Le Sadaïme était arrivé bien avant moi et m'attendait sur le pas de la porte. Lorsque je fus à son niveau, il poussa alors le battant et nous entrâmes ...

Le recenseur tapa du pied, impatient :

"Allez, rentre, Sorcière, dit-il en te désignant une petite pièce exiguë avec pour seul ameublement une table et deux chaises."

Après être entrés, vous vous asseyez. Le recenseur t'interroge :

"Alors ? Fais-moi le rapport de ta mission, Sadaïme."

J'entrai dans la salle commune à la suite du recenseur. Il n'y avait que peu de clients et l'ambiance générale était plutôt calme. Le Sadaïme me mena alors dans une pièce adjacente, assez exiguë avec juste le nécessaire pour une discussion à deux, en privé. Il montra alors son impatience en tapant du pied frénétiquement sur le plancher et m'intima d'entrer puis d'exposer mon rapport.

(Pour qui il se prend ?!)

Mécontente, j'allai m'asseoir face au recenseur, posai mon sac chargé sur le sol près de moi puis croisai les bras en le fixant avec un air renfrogné.

"La 'sorcière' ne répondra aux questions que lorsqu'elles lui seront posées poliment ! Je ne suis pas ton esclave pour être traitée ainsi !"

Le recenseur te répond d'un ton virulent :

"T'attendais-tu à des demandes polies à genoux lorsque tu t'es engagée à soutenir la cause sadaïme ?"

Il soupire longuement, puis reprend :

"Je ne fais pas ça dans l'intérêt qui n'en est pas un de me croire supérieur, étant donné des évènements importants je me dois d'être le plus rapide possible, ainsi je ne perds pas mon temps avec ces politesses. Crois-tu avoir le temps pour des manières de politesse face à des Elfes de la Nuit ? Non, tu dois réagir au plus vite et te être très attentive au moindre de leur mouvement. Alors, s'il te plaît, ne perdons pas de temps précieux et raconte-moi vite ce qu'il s'est passé. Je me rattraperai en manières polies lorsque tout ceci sera terminé."

Les bras toujours croisés, je répondis :

"Je ne demande pas de grandes démonstrations de politesse mais simplement un minimum de savoir-vivre ! Et jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas une Elfe de la Nuit que tu as face à toi mais une Sadaïme donc tu n'as pas besoin de te mettre en position défensive à mon égard !"

Comment peut-il comparer cet instant à un face-à-face avec des Elfes de la Nuit ?! J'avais presque la sensation d'être rangée dans le même panier qu'eux en ce moment ... Et il ne pouvait y avoir pire insulte !

Toujours mécontente, je fouillai dans mon sac et posai sans précaution le bouclier gobelin devant moi, mesurant sciemment chacun de mes gestes.

"Tout d'abord, il y a deux imbéciles de gobelins qui ont cru bon de devoir me dépouiller, près des marais ..."

Le recenseur insensible à tes humeurs t'encourage à poursuivre :

"Avaient-ils un signe spécial sur eux ? Ou étaient-ce des gobelins banals ?"

Tout en examinant le bouclier, il dit :

"Apparemment, banals. Tu les as donc tués ?"

"C'était eux ou moi ... J'ai donc choisi que ce soit eux qui meurent." poursuivai-je sans répondre à la question précédente à laquelle le Sadaïme avait trouvé seul sa réponse.

"Mais tu te doutes bien que ce n'est pas pour cet 'incident' que j'ai réclamé un endroit plus au calme ... Comme tu me l'as demandée, j'ai été jusqu'au marais pour en faire le tour. C'est alors que j'ai vu de loin un phénomène qui est beaucoup plus intéressant."

Je fis alors une pause pour bien capter l'attention du recenseur.

"Un arbre a pris feu ... Puis un voile sombre l'a enveloppé et une tempête blanche est apparue ... Avec des stries rouges ..." dis-je en le fixant.